Interview de David

Interview de David Moncoutié (Cofidis) : "2008 a marqué mon retour au haut niveau, j'espère confirmer en m'illustrant sur le Tour de France."

C'est nanti de nouvelles responsabilités que David Moncoutié (Cofidis) aborde la saison 2009. Pour lui, la rentrée interviendra le mois prochain au Tour Down Under. A 33 ans, il démarrera alors sa treizième saison chez les professionnels, encore et toujours sous le maillot de l'équipe Cofidis, à laquelle il est resté fidèle depuis la création de l'équipe en 1997. La formation nordiste a beaucoup évolué au cours de l'intersaison avec le départ de certains de ses leaders dans les classiques comme Sylvain Chavanel, Maxime Monfort et Nick Nuyens. Dès lors, David Moncoutié sera appelé à jouer un rôle de capitaine sur les événements majeurs de la saison, qu'il s'agisse des grandes courses par étapes ou des classiques ardennaises. Après deux ans de galère, le Lotois a retrouvé sa plénitude à la fin de l'été. 2009 pourrait être l'année de sa résurrection.

"David, nous sommes à l'orée de la saison 2009. Avec votre expérience, changez-vous encore des choses au cours de l'intersaison ?
Les grandes lignes restent les mêmes. Après, j'apprends toujours un peu, même si c'est ma treizième année chez les professionnels. Il y a toujours de petits détails à modifier pour améliorer sa condition physique pendant l'hiver."
Qu'avez-vous changé par exemple cette année ?
J'ai fait de la musculation pour la première fois, chose que je n'avais jamais faite durant ma carrière. J'ai pas mal travaillé avec mon kiné pendant ma période de rééducation. Finalement, on a décidé de poursuivre cet hiver un travail d'entretien et de retrouver de la force égale sur les deux jambes.
La nouveauté, c'est aussi le changement de matériel avec l'arrivée de vélos Look. Comment ça se passe ?
J'ai roulé pour la première fois sur le nouveau vélo. A priori tout se passe bien. Quand on change de matériel, il y a toujours quelques petits réglages à faire. Mais c'est la période donc on ne s'affole pas et on règle le vélo pour être le mieux possible durant la saison à venir.
Comment jugez-vous votre année 2008 ?Peut-on dire qu'elle a été paradoxale ?
J'ai eu deux années difficiles et on peut dire que 2008 a marqué mon retour au haut niveau. J'espère confirmer pour 2009 en m'illustrant notamment sur le Tour de France.
La période du Tour, justement, a été troublée. Vous êtes-vous imaginé un moment en dehors de l'équipe Cofidis ?
C'est vrai que j'ai un peu douté de mon potentiel durant le Tour. Mais j'ai vite vu que je sortais bien du Tour et que j'allais bien finir la saison. Je ne me suis pas trop posé de questions.
Comment vous sentez-vous dès lors à cette époque de l'année ?
Pour l'instant ça va. On va dire que je reprends tout doucement, en espérant que tous les pépins physiques soient derrière moi maintenant.
Avez-vous recouvré tous vos moyens ?
Je pense que j'ai le potentiel pour refaire ce que j'ai fait il y a trois ans dans le Tour de France. J'ai montré sur la Vuelta que je pouvais à nouveau être là sur une course de trois semaines. Même si le Tour se dispute un ton au-dessus, il n'y a pas de raison.
Le maillot de meilleur grimpeur obtenu sur la Vuelta était-il un objectif secret ?
Non, c'est davantage une idée qui m'est passée par la tête au fur et à mesure. L'objectif au départ était surtout de gagner une étape et pourquoi pas faire une place au général. Je me suis ensuite pris au jeu du maillot de meilleur grimpeur. En marquant des points dans les premiers massifs, je m'y suis consacré jusqu'au bout.
Un maillot distinctif à la fin d'un Grand Tour, c'est quelque chose de particulier ?
Un maillot de meilleur grimpeur sur un Grand Tour, ça reste quand même au palmarès. Surtout sur la Vuelta, qui est une épreuve assez montagneuse. Je suis assez fier d'avoir obtenu ce maillot. Mais 8ème du général, c'est bien aussi dans un Grand Tour. Disons que mes trois objectifs ont été atteints sur ce Tour d'Espagne.
Entre un Maillot à Pois et une place dans le Top 10 sur le Tour, que choisiriez-vous ?
C'est difficile à dire mais je crois que le maillot de meilleur grimpeur serait quelque chose de beau. Après, ça dépend du déroulement de la course mais je pense avoir les capacités pour jouer ce maillot. Je passe bien les cols, sans avoir besoin d'être toujours avec les meilleurs au général.
L'équipe Cofidis a laissé partir nombre de ses coureurs de classiques. Est-ce à dire que les spécialistes des courses par étapes vont avoir plus de responsabilités ?
De bons coureurs comme Sylvain Chavanel et Maxime Monfort sont partis, donc nous allons avoir plus de responsabilités. Il va falloir assumer ce rôle de leader sur certaines courses. Je m'en sens encore capable après treize années chez les professionnels. Je me fixe notamment pour objectif quelques courses d'une semaine.
Comment vous répartirez-vous les tâches avec un coureur comme Amaël Moinard ?
Nous sommes suffisamment honnêtes pour se mettre au service de l'autre selon la condition de chacun. Nous avons un peu les mêmes caractéristiques, un peu les mêmes qualités et défauts. On courra pour celui qui est le mieux, tout simplement.
Comment sentez-vous le groupe Cofidis 2009 ?
C'est vrai que nous avons perdu de très bons coureurs comme Sylvain Chavanel. L'effectif s'est réduit mais je pense que la dynamique du groupe reste là. Nous avons réalisé une bonne saison en 2008 et nous espérons continuer ainsi sur 2009.
Quel sera le but de votre rentrée au Tour Down Under ?
D'accumuler du rythme et de faire des intensités qu'on aurait du mal à faire à l'entraînement. J'ai fait le Tour Down Under l'an passé, ça m'a bien plu. On y trouve des conditions météo similaires à celles du Tour, avec la chaleur. Ça me convient bien.
Quel sera votre programme à votre retour en France ?
On reviendra à un programme beaucoup plus classique avec le Tour Méditerranéen, Paris-Nice pour gros objectif, avant le Tour du Pays Basque, Liège-Bastogne-Liège, le Tour de Romandie, le Critérium du Dauphiné Libéré et le Tour de France.
Combien de saisons vous donnez-vous encore ?
Au moins la prochaine. Après... je ne sais pas. Je me déciderai à poursuivre ma carrière en fonction des résultats mais surtout de mon envie. Je verrai après le Tour. Pour l'instant, je ne peux pas le dire."
Propos recueillis à Gréoux-les-Bains le 4 décembre 2008 (Vélo 101).